Occupé dès la Préhistoire, le site acquiert un rôle militaire durant l’Antiquité, en particulier lors des troubles qui rongent l’Empire romain à la fin du 4e et au début du 5e siècle. Au 9e siècle, il sert à nouveau de refuge : les moines de Stavelot y amènent les reliques de saint Remacle pour échapper aux incursions des Normands. Il devient alors la principale forteresse de l’abbaye ardennaise et connaît son apogée en 1138 grâce à l’abbé Wibald, qui le rénove et fonde le bourg de Logne dans la vallée de la Lembrée.

En 1427, le monastère connaît une profonde crise financière et spirituelle. L’abbé Jean Godeschalc de Gueuzaine cède la place et les terres qui en dépendent à la famille de la Marck, plus connue par la réputation sulfureuse de certains de ses membres surnommés les «Sangliers des Ardennes».

À la fin du 15e siècle, le château est complètement remanié : il devient une forteresse «moderne» adaptée aux armes à feu mais il est rapidement dépassé par les progrès de l’artillerie. Il est finalement pris et démantelé le 1er mai 1521, au terme d’un siège violent sur l’ordre de l’empereur Charles Quint. Des mercenaires qui composent la garnison, aucun n’est épargné : ceux qui ne sont pas morts au combat sont pendus à un arbre.

Quatre siècles s’écoulent. Le site devient une carrière de pierres et les murailles disparaissent sous les décombres et une épaisse végétation, jusqu’à leur remise au jour entre 1897 et 1907 grâce à l’opiniâtreté de leur nouveau propriétaire, Auguste Dupont.

Mais les travaux de fouilles et de restauration sont alors loin d’être achevés.

Ainsi, en 2023, La Province de Liège, propriétaire, le Domaine de Palogne, gestionnaire, et la Région wallonne s’associent pour rendre accessibles le puits découvert en 1973 ainsi que la tour qui le contenait. Accrochée à la falaise qui domine la vallée de l’Ourthe, une structure en lames d’aluminium sur charpente d’acier restitue les volumes de la tour ruinée. Sa conception résolument contemporaine indique clairement la nature moderne des parties reconstituées. En son sein, une passerelle permet d’atteindre le conduit creusé à même le roc. C’est là, à presque 56 mètres de profondeur, que d’innombrables objets très bien conservés ont été mis au jour lors des fouilles de 1990 à 2003, dont les restes d’une immense roue d’écureuil en bois de 6,20m de diamètre dans laquelle on pouvait marcher pour remonter les seaux d’eau d’une centaine de litres.